désir mimétique

Introduction : Le problème – iPhone, encore et encore ?

Vous venez de claquer la porte de l’Apple Store, fier propriétaire du nouvel iPhone. Pourtant, il ressemble furieusement à celui que vous aviez déjà… et qui marchait parfaitement. Alors, pourquoi avez-vous ressenti ce besoin irrépressible de l’acheter ? C’est le drame du désir mimétique : cette force invisible qui nous pousse à désirer ce que les autres désirent.

Et si vous pensiez que votre achat était dicté par la pure raison — « Je veux un meilleur appareil photo », « J’ai besoin de plus de mémoire » — détrompez-vous. Derrière cette volonté d’acquérir la dernière nouveauté se cache un mécanisme psychologique complexe, entretenu par les stratégies de communication des grandes marques, mais aussi par l’effet d’entraînement de votre entourage.

Dans cet article, nous allons décrypter ce phénomène : pourquoi veut-on absolument le dernier iPhone alors qu’il est presque identique au précédent ? En trois temps, nous verrons d’abord le problème (comment naît ce désir mimétique et pourquoi il nous subjugue), ensuite la solution (comment s’en libérer ou au moins le maîtriser), puis le bilan (quel sens donner à nos envies technologiques).

Préparez-vous à une prise de conscience un brin provocatrice : vous risquez de remettre en question bien plus que l’envie d’un smartphone. Vous pourriez découvrir que vos choix de consommation sont souvent dictés par des mécanismes qui vous échappent.


I. Le problème : Le désir mimétique, un piège redoutable

1.1. Définition du désir mimétique (ou comment on finit par copier les autres)

Le désir mimétique, popularisé par le philosophe français René Girard, désigne la tendance humaine à désirer ce que les autres désirent. Au fond, nos envies ne seraient pas purement individuelles ou “innées” : elles se construisent en miroir avec celles des gens autour de nous. Ainsi, si votre collègue exhibe fièrement le dernier iPhone, vous ressentez (souvent inconsciemment) l’envie de faire pareil. Non pas parce que vous avez évalué toutes les spécifications techniques, mais parce que l’attrait de l’objet vient de l’admiration qu’il suscite chez l’autre.

Cas pratique: J’ai un ami, appelons le Paul, qui s’est jeté sur l’iPhone 14 le jour de sa sortie. Il me disait : “Il est révolutionnaire !” Or, quand je lui ai demandé ce qui changeait réellement par rapport à son ancien modèle, il n’a pas su me répondre autrement que “Il est plus rapide, je crois, et l’écran est un peu mieux.” Bref, aucune fonctionnalité de rupture. Mais l’envie était là, presque irrépressible. Paul avait vu son entourage l’acheter, les réseaux en parler, et s’est senti “obligé” de suivre le mouvement.

1.2. Les marques qui surfent sur ce phénomène

Les grandes entreprises (Apple en tête) ont parfaitement compris la puissance du désir mimétique. Leur communication repose sur la rareté, la mise en scène d’une communauté élitiste, et la promesse d’un statut social amélioré si vous possédez le dernier modèle. L’argument de fond : “Si tout le monde l’achète, c’est qu’il est formidable, n’est-ce pas ?”

La technique marketing est bien rodée :

  • Événements de lancement ultra-médiatisés (keynotes d’Apple).
  • Attente savamment orchestrée : fuites, rumeurs, teasing sur les réseaux.
  • Promotion du sentiment d’appartenance : on fait partie de la “famille Apple” si on a la dernière version.

Résultat : on se retrouve à faire la queue devant un magasin, parfois la nuit, pour un téléphone dont la différence avec le précédent est souvent minime. Et c’est précisément ça le pouvoir du désir mimétique.

1.3. Pourquoi c’est un problème ?

Vous pourriez dire : “C’est mon argent, je fais ce que je veux.” Certes. Mais le souci, c’est qu’on achète souvent sous l’impulsion, en croyant répondre à un besoin, alors qu’on répond en réalité à un désir induit par la société. certains se retrouvent endettés ou frustrés puis se rendent compte que ce “nouveau” gadget n’a rien changé à notre vie. On accumule des objets quasi identiques, on pollue la planète avec un cycle de consommation effréné, et on reste insatisfait.

En somme, le désir mimétique nous enferme dans un cercle vicieux : toujours vouloir plus, plus neuf, être plus dans la tendance, sans jamais être pleinement comblé. C’est un vrai problème, tant sur le plan individuel (budget, frustration) que collectif (surconsommation, gaspillage de ressources).


II. La solution : Prendre conscience et reprendre le contrôle

2.1. Identifier le désir mimétique en vous

La première étape pour sortir de ce piège, c’est de reconnaître quand on est en train de céder à une envie dictée par l’imitation. Concrètement, posez-vous la question : “Pourquoi je veux ce nouvel iPhone ? Est-ce vraiment parce que mon téléphone actuel est obsolète ? Ou est-ce parce que je vois tout le monde l’avoir, ou que j’ai peur de rater quelque chose ?”

Un simple exercice : listez les raisons objectives pour lesquelles vous voulez ce nouveau modèle. Ensuite, demandez-vous si ces raisons sont vraiment convaincantes ou si elles relèvent de la mode. Si vous ne trouvez pas plus d’un ou deux arguments techniques, c’est peut-être le désir mimétique qui parle.

2.2. Évaluer ses besoins réels

Ok, vous avez repéré que votre envie est peut-être guidée par l’imitation. Maintenant, place au rationnel. Avez-vous vraiment besoin de ce smartphone flambant neuf ? Qu’est-ce qu’il vous apporte que l’ancien ne fait pas ? Est-ce crucial pour votre activité professionnelle ou votre confort de vie ?

Cas pratique / Témoignage : Un entrepreneur que je connais, Sarah, avait un iPhone 12. Elle s’est posé la question avant de passer au 13 : “Mon iPhone 12 fonctionne parfaitement, fait d’excellentes photos, je n’ai pas de souci de batterie. Alors, pourquoi dépenser 1 000 € de plus ?” Elle a réalisé qu’il n’y avait aucune urgence. Elle a donc décidé d’attendre la prochaine version… et de voir si elle aurait alors un vrai besoin.

2.3. Déjouer les techniques marketing

Pour échapper au désir mimétique, il faut aussi être conscient des manipulations subtiles des marques : la mise en scène du “manque,” la raréfaction volontaire des stocks, les publicités/Promotions sponsorisées (qui associent le produit à une figure d’autorité pour renforcer la volonté de mimer) qui vous font croire que votre vie sera “incomplète” sans le dernier modèle. Finalement ils jouent sur nos biais cognitifs.

Quelques stratégies pour résister :

  • Éviter les précommandes et les premières vagues de lancement. Laissez passer la frénésie initiale.
  • Comparer réellement les spécifications avec votre modèle actuel ou d’autres marques.
  • Attendre quelques semaines pour voir les retours d’utilisateurs. Souvent, vous verrez que les améliorations ne sont pas si révolutionnaires. De plus en laissant passer la pulsion initiale vous aurez le temps de reconsidérer l’utilité de l’achat.

2.4. Se tourner vers des alternatives

Si votre téléphone actuel fonctionne bien, vous pouvez investir cet argent ailleurs. Par exemple, pourquoi ne pas vous offrir une belle expérience (voyage, formation, etc.) plutôt qu’un objet qui deviendra obsolète dans un an ? De plus, la planète vous dira merci : un smartphone neuf, c’est des ressources rares, de l’énergie, et un recyclage compliqué.


III. Le bilan : Quel sens donner à nos envies ?

3.1. Reconnaître la part inévitable de mimétisme

Soyons clairs : on ne se débarrassera jamais totalement du désir mimétique. L’être humain est un animal social, qui apprend par l’imitation. Le fait de vouloir le nouvel iPhone parce que “tout le monde l’a” n’est pas honteux en soi, c’est juste un comportement naturel. Ce qui compte, c’est de ne pas se laisser piéger.

3.2. Faire la part des choses : utilité vs. statut social

Le nouvel iPhone, identique au précédent, peut avoir quelques petites nouveautés (une puce plus rapide, une caméra légèrement améliorée). Mais est-ce que ça vaut 1 000 € ? Cela dépend de votre usage. Si vous êtes photographe, peut-être que oui. Mais si vous êtes un utilisateur lambda, c’est sans doute un luxe dont vous pouvez vous passer.

Il est essentiel de faire la différence entre l’utilité réelle (vous en avez besoin pour votre travail, ou pour une fonctionnalité précise) et l’achat de statut (montrer que vous êtes “à la page”). Si vous assumez acheter pour le statut, c’est votre droit. Mais mieux vaut en être conscient que de se voiler la face en prétendant que c’est un achat “indispensable.”

3.3. Vers une consommation plus responsable

Se libérer du désir mimétique, c’est aussi embrasser une forme de consommation responsable. Au lieu de céder à chaque nouveau modèle, on peut prolonger la durée de vie de nos appareils, opter pour des réparations, ou même se tourner vers des smartphones reconditionnés. Cela nous évite de tomber dans le cycle infini de l’obsolescence marketing et de la surconsommation.

3.4. Le regard sur les autres : stopper la course au “toujours plus”

Enfin, se détacher de ce mimétisme, c’est aussi renoncer à juger les gens sur leur dernier gadget. Trop souvent, on valorise celui qui arbore le dernier cri, et on considère celui qui reste sur un modèle d’il y a deux ans comme “en retard.” Or, c’est cette pression sociale qui alimente le désir mimétique. Apprenons à nous dire que ce n’est pas la version de notre smartphone qui nous définit, mais nos idées, nos valeurs et nos relations aux autres.


FAQ (Foire Aux Questions)

Q1 : Le désir mimétique, c’est quoi ?
Le désir mimétique est un concept selon lequel on désire souvent un objet parce qu’on voit les autres le désirer. C’est un mécanisme d’imitation qui oriente nos choix de consommation, parfois à notre insu.

Q2 : Pourquoi veut-on le nouvel iPhone alors qu’il est identique au précédent ?
Parce que notre entourage, les influenceurs et la publicité nous font croire qu’il est indispensable. On veut suivre la tendance, ne pas être “largué,” et c’est là que le désir mimétique joue à plein régime.

Q3 : Est-ce mal de céder à ce désir ?
Pas forcément “mal,” mais il est bon d’en être conscient. Si vous achetez un nouveau téléphone en sachant que c’est surtout pour le plaisir de la nouveauté ou le statut social, pourquoi pas. Le problème, c’est quand vous croyez que c’est un besoin absolu alors que vous êtes simplement manipulé par le mimétisme.

Q4 : Comment résister à cette pression ?
Prenez du recul, comparez objectivement les fonctionnalités, attendez quelques semaines après la sortie pour voir si c’est réellement un must-have. Et interrogez-vous sur vos motivations profondes : besoin réel ou envie dictée par l’extérieur ?

Q5 : Quel est le lien avec la surconsommation ?
Le désir mimétique nous pousse à renouveler nos appareils bien plus souvent que nécessaire, ce qui engendre un gaspillage de ressources et des déchets électroniques. Apprendre à s’en détacher, c’est aussi un geste écologique.


Conclusion : Révélez le pouvoir caché du désir mimétique… et faites-en un allié ?

Alors, pourquoi veut-on le nouvel iPhone alors qu’il est identique au précédent ? Vous l’aurez compris : c’est principalement à cause du désir mimétique. Nous sommes des êtres sociaux, influencés par ce que les autres valorisent. Les marques exploitent cette vulnérabilité pour nous vendre des produits à peine renouvelés, tout en suscitant une excitation quasi irrationnelle.

Dans cet article nous avons fait le choix de parler du désir mimétique sous l’axe des derniers Iphone, mais l’on aurait pu également traiter de nombreux sujets dans lesquels le désir mimétique guide nos choix (goûts érotique/esthétique, voiture, maison, vacance…) de plus Girard montre bien que le désir mimétique est source de conflit car les objets désirés ne sont pas communs, l’élite ne peut pas être 50% des individus.

Beaucoup se croît malheureux car ils n’ont pas l’objet de leur désir, mais sitôt qu’ils l’ont ce qui est acquis devient la norme et un nouveau désir remplace le précédent qui n’a pas rempli cet individu durablement. Se libérer du cycle du désir est une condition nécessaire pour enfin obtenir une paix durable.

Si les sujets un petit peu philosophique vous passionne, nous avons écrit un article sur l’amitié selon Aristote et comment sa pensée pouvait nous permettre de trier nos relations.